En Formation

C'est vrai : une compilation de textes réalisés via des exercices d'atelier d'écriture -- et qui valent donc pour l'usage des contraintes formelles qui leur sont proposées, en principe de base de création de sens, soit sur un mode purement illustratif (et alors tout repose sur la consigne d'écriture, respectée à la lettre ; le texte, l'écriture, n'étant plus que les fantômes d'une pratique dont la seule fonction est de confirmer la théorie), soit sur un mode foncièrement expérimental...
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C'est vrai : une compilation de textes réalisés via des exercices d'atelier d'écriture -- et qui valent donc pour l'usage des contraintes formelles qui leur sont proposées, en principe de base de création de sens, soit sur un mode purement illustratif (et alors tout repose sur la consigne d'écriture, respectée à la lettre ; le texte, l'écriture, n'étant plus que les fantômes d'une pratique dont la seule fonction est de confirmer la théorie), soit sur un mode foncièrement expérimental (la consigne n'étant qu'un prétexte pour un texte qui la désorganisera, l'épuisera, la réorganisera, pour une mise à l'épreuve par quoi se dégagera son sens véritable, de travail de la langue, de responsabilité de l'écriture : la consigne et le texte, aussi affrontés qu'associés, constituant dans leur correspondance comme un texte à part entière -- un métatexte ?) -- ne constitue vraisemblablement pas un livre. Mais on peut se poser la question lorsque l'ensemble des textes, d'exercice en exercice, d'un atelier à l'autre même, finit par circonscrire un cadre précis, déformé et reformé, bon an mal an, au gré des consignes. C'est le cas ici : si la majorité des textes recueillis recouvrent 3 ateliers d'écriture, aux thématiques diverses, avec des consignes invitant à faire feu de tout bois sans souci de cohérence, d'unité, tous ont suivi, de près ou de loin, une même ligne : le lieu de travail, la structure de formation où j'exerce le métier de formateur (si c'en est un). Est-ce que cette ligne tenace, traversée et déviée par les dizaines d'autres portées par les propositions d'écriture, suffit pour reconstituer un livre ? Rien n'est moins sûr. Mais pourquoi pas, surtout quand chaque texte, après-coup, s'est trouvé prolongé, développé, par une nouvelle consigne, personnelle, qui les recoupe tous ? Et s'il ne s'agit pas d'un livre, peut-être s'agit-il d'un album ? Un album de souvenirs, du temps où l'on travaillait, du temps où l'on écrivait en se souvenant du travail. Un album d'images, parce qu'il y en a beaucoup, parce qu'on a aussi cherché, désiré ça (c'est l'après-coup), un échange entre les textes et des images. Un album tout court, comme un carnet où noter ses impressions, ses pensées, comme ça, et peut-être encore plus vierge qu'il n'en a l'air, plus proche qu'on ne croit de la page blanche. Un livre en chantier donc, j'aimerais dire avec Marguerite Duras, au risque de passer pour un cuistre, un « livre qui avance, qui grandit, qui avance dans les directions qu'on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication ». Un livre en formation.