Fantasmes

La violence des attentats islamistes nous est devenue familière, à force d'en entendre parler, de les voir en vidéos quand ce n'est pas en direct, de porter dans notre chair leurs stigmates lorsqu'on en est rescapé. Tous nos sens, notre mémoire, sont imprégnés de cette violence, mais nous en restons là. Cette violence n'est pas devenue un objet de connaissance, pas encore. Bizarre quand même, depuis 2001 cela fait 19 ans... 19 ans sans être arrivé à réduire cette chose à quelque chose...
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La violence des attentats islamistes nous est devenue familière, à force d'en entendre parler, de les voir en vidéos quand ce n'est pas en direct, de porter dans notre chair leurs stigmates lorsqu'on en est rescapé. Tous nos sens, notre mémoire, sont imprégnés de cette violence, mais nous en restons là. Cette violence n'est pas devenue un objet de connaissance, pas encore. Bizarre quand même, depuis 2001 cela fait 19 ans... 19 ans sans être arrivé à réduire cette chose à quelque chose de connu dont on comprend les rouages, rationnellement.De ce délai, de ce retard, j'accuse l'obscurantisme des Lumières qui a banni l'imaginaire du domaine des progrès de la connaissance. Quelle erreur... Grâce à Sigmund Freud, l'imaginaire a fait un timide retour sur la scène du procès des concepts. Gaston Bachelard, par sa flamme, sa conviction, a tenté de nous convertir à l'imaginaire. Mais il faut bien reconnaître que le rôle des fantasmes dans la violence des attentats reste encore à explorer tant notre représentation ordinaire du fantasme demeure anodine : un gentil petit truc imaginaire plus ou moins en rapport avec l'érotisme et les névroses, mais sans aucun impact sur la vie politique. « Fantasmes » présente une réduction de cette violence à quelques idées de la grande tradition historique de la psychologie depuis Aristote jusqu'à nos jours.Pour familiariser le lecteur avec des notions un peu difficiles, le livre raconte d'abord tout simplement les fantasmes d'un jeune médecin sur les rapports entre sexualité et catholicisme et comment la pensée d'Averroès et une formation jésuite l'ont aidé à les articuler. C'est très facile à lire et parfois amusant.La deuxième partie du livre n'est qu'un grand rêve de réduire les tensions entre Islam et Occident grâce à cette réduction de la violence à un objet de connaissance.