L' Alicanto |
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Author:
| ALCACER, Amadeo |
ISBN: | 978-1-5190-2777-1 |
Publication Date: | Mar 2016 |
Publisher: | Independently Published
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Book Format: | Paperback |
List Price: | USD $15.00 |
Book Description:
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EXTRAIT :Pour vivre ici, à Santiago, il faut savoir se démerder. Même en tant qu'inspecteur de police, tu dois t'adapter à ton milieu et y puiser toutes les ressources nécessaires à ta survie. Après leur avoir administré de bonnes corrections, tu rackettes des dealers de seconde zone: l'argent pour toi et la came dans le caniveau. De temps en temps, il est nécessaire d'accepter l'aumône désintéressée de quelques filles du bonheur qui te connaissent de vue, afin que tu puisses, grand...
More DescriptionEXTRAIT :Pour vivre ici, à Santiago, il faut savoir se démerder. Même en tant qu'inspecteur de police, tu dois t'adapter à ton milieu et y puiser toutes les ressources nécessaires à ta survie. Après leur avoir administré de bonnes corrections, tu rackettes des dealers de seconde zone: l'argent pour toi et la came dans le caniveau. De temps en temps, il est nécessaire d'accepter l'aumône désintéressée de quelques filles du bonheur qui te connaissent de vue, afin que tu puisses, grand humaniste, les autoriser à longer jusqu'à l'aube ces longs trottoirs sales.Il y a des moments où tu n'as pas très envie d'être de nuit, alors travailler de jour reste la seule alternative. Tu saisis sur ton ordinateur pourri, relique d'un autre siècle, le témoignage de dizaines de victimes de vols à l'arraché. Taper sur un clavier n'est pas une discipline gratifiante mais c'est une corvée inévitable à laquelle il faut te soumettre. Tu prends une pose inspirée, puis tu contemples derrière le plaignant, les idéogrammes sculptés par la peinture défraîchie des murs. Ces formes biscornues, multiples, t'emmènent dans un univers cubiste délirant. Ton interlocuteur est persuadé que tu es attentif à ses problèmes alors il déballe sa vie. Toi, tu cherches juste à t'évader, à fuir ces procédures assommantes.Après la correction de certains détails, le procès-verbal enfin achevé, tu relis la déclaration à haute voix. Lentement. Une fois la signature apposée, tout en faisant preuve d'une compassion feinte, tu raccompagnes le pauvre bougre à la porte. Le téléphone sonne. Ton chef, Suarez, te demande si pour ta mission, tu as bien réuni tous les documents de l'affaire des deux call-girls assassinées l'année dernière. Tu confirmes. Il raccroche. Lorsque la moiteur brûlante étouffe Santiago, même les petites frappes perdent toute raison d'exister. Elles en oublient leurs larcins habituels comme le vol de sacs à main, de bijoux, et le braquage de petits commerçants. Les banditos eux, ces petits narcotrafiquants du dimanche, s'arrêtent même de dealer. Ils se terrent dans leur squat puant, tels des rats sous léthargie, en attendant que la chaleur cesse. En février, l'air aspiré dans tes poumons est tellement vicié que même respirer semble relever de l'exploit. Finalement, au bout d'un seul jour de boulot en journée, enchaîner plusieurs nuits de suite est libérateur.