Souvenirs Entomologiques (Livre II) (1882) |
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Author:
| Fabre, Jean Henri |
General Editor:
| commons by-sa, creatives |
Series title: | Souvenirs Entomologiques Ser. |
ISBN: | 978-1-9805-4831-7 |
Publication Date: | Mar 2018 |
Publisher: | Independently Published
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Book Format: | Paperback |
List Price: | USD $13.00 |
Book Description:
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Chapitre 1: - L'HARMAS. C'est là ce que je désirais, HOC ERAT IN VOTIS: un coin de terre, oh pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères. Là, sans crainte d'être troublé par les passants, je pourrais interroger l'Ammophile et le Sphex, me livrer à ce difficultueux colloque dont la demande et la réponse ont pour langage l'expérimentation; là, sans...
More DescriptionChapitre 1: - L'HARMAS. C'est là ce que je désirais, HOC ERAT IN VOTIS: un coin de terre, oh pas bien grand, mais enclos et soustrait aux inconvénients de la voie publique; un coin de terre abandonné, stérile, brûlé par le soleil, favorable aux chardons et aux hyménoptères. Là, sans crainte d'être troublé par les passants, je pourrais interroger l'Ammophile et le Sphex, me livrer à ce difficultueux colloque dont la demande et la réponse ont pour langage l'expérimentation; là, sans expéditions lointaines qui dévorent le temps, sans courses pénibles qui énervent l'attention, je pourrais combiner mes plans d'attaque, dresser mes embûches et en suivre les effets chaque jour, à toute heure. HOC ERAT IN VOTIS; oui, c'était là mon voeu, mon rêve, toujours caressé, toujours fuyant dans la nébulosité de l'avenir. Aussi n'est il pas commode de s'accorder un laboratoire en plein champ, lorsqu'on est sous l'étreinte du terrible souci du pain de chaque jour. Quarante ans j'ai lutté avec un courage inébranlable contre les mesquines misères de la vie; et le laboratoire tant désiré est enfin venu. Ce qu'il m'a coûté de persévérance, de travail acharné, je n'essayerai pas de le dire. Il est venu, et avec lui, condition plus grave, peut être un peu de loisir. Je dis peut être, car je traîne toujours à la jambe quelques anneaux de la chaîne de forçat. Le voeu s'est réalisé. C'est un peu tard, ô mes beaux insectes ! je crains bien que la pêche ne me soit présentée alors que je commence à n'avoir plus de dents pour la manger. Oui, c'est un peu tard: les larges horizons du début sont devenus voûte surbaissée, étouffante, de jour en jour plus rétrécie. Ne regrettant rien dans le passé, sauf ceux que j'ai perdus, ne regrettant rien, pas même mes vingt ans, n'espérant rien non plus, j'en suis à ce moment où, brisé par l'expérience des choses, on se demande s'il vaut bien la peine de vivre.....................